Le ciel était couvert en cette journée printanière, le vent soufflait doucement de légères brises, et aux berges de l’unique village de pêcheur de l’île de Sifnos on pouvait voir la silhouette d’un navire se dessiner à l’horizon. De loin à en juger sa structure, et avec le soleil dans les yeux, on devinait un navire de la marine. Cependant lorsque le navire fut suffisamment prêt, tous purent se rendre compte que ce n’était pas un navire de la marine. Les sombres couleurs qu’il arborait, ainsi que son pavillon, le montraient de façon bien évidente. Mais le drapeau qu’il arborait n’était pas une tête de mort, il s’agissait d’une épée et de deux ailes, dès lors était-ce vraiment des pirates ou non ? Quoi qu’il en soit le navire était visiblement taillé pour le combat, et lorsque celui-ci accosta à côté des navires des pêcheurs, ceux-ci retinrent leur souffle. Face à ce monstre de bois et de fer, leurs petits navires de pêche ne faisaient clairement pas le poids, les habitants craignaient de voir débarquer une horde de brute épaisse prête à piller leurs maisons et leurs récoltes. Mais à leur grand soulagement, ce fut deux jeunes demoiselles de petite taille qui descendirent de la passerelle. Toutes les deux étaient vêtues de magnifiques petites robes qui les rendaient complètement innocentes et inoffensives aux yeux crédules des pêcheurs, dès lors ceux-ci détournèrent leur regard pour vaquer à nouveau à leurs diverses occupations.

« Ecoutes-moi bien Katia, on doit réapprovisionner le navire en nourriture. Tu peux aller faire un tour dans ce village tout pourri mais ne casses rien tant que je n’ai pas terminé. Compris ? »

Mais sa sœur s’était mise à tournoyer sur elle-même en poussant des petits cris, elle s’agitait dans un sens puis dans l’autre jusqu’à en perdre finalement l’équilibre et manquer de peu de prendre un bain dans l’eau de mer, ce qui aurait été plus que fâcheux pour elle. Ce fut en s’agrippant aux épaules de sa sœur adorée qu’Ekaterina parvint à éviter une chute sur son derrière, sur son visage était affiché un large sourire animé par quelques rires spasmodiques.

« Tu m’as écouté !? »
« Ouiiiiiiiiii… Eeeeeeva ! »

Evangelina soupira, c’était tout ce dont elle pouvait obtenir de sa sœur pour le moment. Elle plaqua alors une main sur le visage de celle-ci et la repoussa loin d’elle. Mauvaise idée, Ekaterina ouvrit la bouche et en profita pour mordre les doigts de sa sœur, avant de se ramasser un coup de poing dans l’estomac qui lui fit aussitôt lâcher prise et éclater de rire. Se massant la main, Evangelina regardait sa paire non sans un certain agacement, il fallait dire que c’était très pénible d’avoir une jumelle pareille.

« Bon je prends trois, quatre ploucs costaux avec moi et j’y vais. »
« Gni… Hi hi ! »

Ekaterina ne semblait pas se récupérer de son fou rire, elle avait toujours les mains appliquées sur son vente, elle avait mal et trouvait cela tout simplement tordant. Si bien qu’à un moment, elle eut plus mal à sa mâchoire qu’autre chose, mais elle finit par trouver contenance non sans toujours affiché sur son visage un inquiétant rictus. Sa sœur quant à elle avait crié après quatre volontaires en direction de leur navire, un petit chahut se fit alors entendre sur le navire et quatre hommes furent éjecter du navire sur la passerelle. Il ne s’agissait pas des plus costaux qui puissent exister, et qui plus est ils avaient partout sur leur corps des ecchymoses et des coupures diverses. Que pouvait-il bien leur être arrivé à bord de ce navire, quoi qu’il en soit, il était évident qu’ils avaient été contraints par la force à se porter volontaire. Ils étaient à présent tous les quatre devant nos deux jumelles, ce fut alors qu’Ekaterina s’exclama avec un ton qui laissait comprendre qu’elle était agréablement surprise de voir qui était descendu.

« Alvin !! »

Sans perdre un instant, elle sortit de son petit fourreau en cuir son poignard fétiche et, déployant ses ailes, elle se jeta sur le dénommé Alvin qui n’eut même pas le temps d’esquisser un moindre mouvement de retraite. En quelques secondes, il était sous l’emprise de la jeune sœur qui avait passé ses jambes autour de sa taille et ses bras autour de son cou, mais avant qu’elle ne se décide à quelle partie de son corps elle allait entailler aujourd’hui, la voix autoritaire de sa sœur résonna.

« Katia !! Qu’est-ce que je t’ai dis !? »

Ekaterina fit alors une moue boudeuse, mais se mit quand même à enfoncer la lame de son poignard doucement dans la joue de l’homme, mais Evangelina haussa une nouvelle fois le ton, et elle s’écarta de son jouet en riant. La blessure qu’elle venait de lui faire était superficielle mais il saignait quand même de manière assez flagrante. Ekaterina partit alors ensuite en courant en direction du cœur du village, rentrant au passage ses ailes dans son dos, mais sa course n’avait rien d’élégant, elle zigzaguait de droite à gauche en bousculant le plus de passants qu’elle pouvait. Evangelina la regarda sortir de son champ de vision avant de se mettre en route de son côté.

Partie comme elle l’était, notre petite folle parcourut plusieurs centaines de mètre avant de finalement se décider à s’arrêter au plein milieu de la rue. Une raison particulière ? Pas vraiment, une envie soudaine de s’arrêter rien de plus, il ne fallait jamais chercher bien loin avec elle. Ekaterina se mit alors à pencher la tête sur le côté droit et tout en inclinant celle-ci vers l’arrière, elle essaya de voir ce qui se trouvait sur sa droite. Puis elle commença à effectuer une lente rotation de celle-ci vers la gauche, et lorsqu’elle arriva à un angle où elle voyait pile ce qui se trouvait derrière elle, son dos avait décris une courbure pas naturelle du tout. La position ne semblait rien avoir de confortable, de plus à la voir comme çà, on pouvait croire qu’elle était actuellement coincée. Mais il n’en était rien, car elle se remit bien droite en l’espace d’un instant, avant de se mettre à jeter un regard curieux sur tout ce qui l’entourait. A la voir ainsi avec l’index de sa main droite appliqué sur sa lèvre inférieur, entrain de scruter les alentours, on pouvait facilement penser qu’elle était à la recherche de quelque chose ou qu’elle était tout simplement perdue. Une petite fille comme elle, il était normal de penser d’une telle façon, mais quelle allait être la personne assez folle pour aller s’enquérir d’un probable et quelconque problème chez notre amie ?

Ekaterina jetait de grands yeux avec un air complètement hagard sur tout ce qui l’entourait, elle se trouvait dans un environnement qu’elle ne connaissait pas et semblait seulement le réaliser sur l’instant alors qu’elle avait parcouru un bon kilomètre à l’intérieur du village depuis son navire. Il y avait des gens autour d’elle, beaucoup de personnes qui se promenaient tout en évitant d’être sur le chemin de notre jeune demoiselle, afin de ne pas lui rentrer dedans et la faire sortir de son moment de découverte infinie. Notre petite démente était en proie à un émerveillement sans fin, tout ce qu’elle identifiait autour d’elle était nouveau et riche d’intérêt, et ce même si elle n’était pas à son premier face à face avec une maison en brique avec une porte et quelques fenêtres, ou encore face à un chat errant au pelage noir et sale qui boitait légèrement. Oh non c’était parti, son attention s’était l’espace d’un instant focalisée sur l’animal et son regard ne pouvait plus s’en détacher. En elle, son esprit bouillonnait et la plongeait dans un délire atroce de tout ce que pourrait devenir ce pauvre félin entre ses mains.

Un filet de bave se mit alors à pendre au bout de ses lèvres, l’extase se faisait déjà ressentir et dès lors la jeune sœur n’allait répondre plus longtemps aux attentes de son ainée. L’idée qui avait le plus de succès dans l’état actuel des choses était celle qui consistait à dépecer vivant la pauvre bête, à sa ceinture qui entourait sa belle robe, son poignard était déjà prêt à être ressorti à nouveau. Notre aliénée avait à présent des sueurs d’excitation qui la faisait frissonner d’envie de passer à l’acte. Mais une voix inconnue vint lui casser son trip et dans son esprit se fut alors le néant absolu, comme choquée, son regard resta vide pendant quelques secondes avant de retrouver de sa vigueur. Ekaterina se tourna alors d’un geste net et rapide en direction de la personne qui s’était adressée à elle précédemment et son regard dut gravir quelques hauteurs afin de voir le visage du jeune homme qui s’incrustait dans son petit univers.

Que lui avait-il demandé ? Elle n’en avait pas la moindre idée, sa conscience ayant été ailleurs au moment où il lui avait proposé son aide. Et de plus ce n’était pas comme si cela avait de l’importance pour elle, là tout son être était entrain de chercher après un engrenage, afin de refaire fonctionner toute la machinerie de son esprit qui avait subi comme un blocage suite à l’intervention de ce garçon. Ce qui se fit au bout de trente secondes d’observation, un air ébahi se dessina alors sur le visage de notre amie qui maintenait ses cordes vocales au silence. Cette personne, son visage, sa fine silhouette, sa peau si soignée, tout chez lui semblait si fragile. L’image qui germa alors dans son esprit torturé fut celle d’un vase de haute gamme aux motifs variés et élégants, un vase qu’elle avait autrefois possédé et contemplé, un vase qui n’était à présent que poussières et débris traînant dans une pièce quelconque de son navire. Bien qu’elle ait fini par le détruire, elle y avait tenu à ce vase au point même de lui donner un petit nom et ce fut celui-ci qui revint sur le bout de ses lèvres.

« Amphore !! »

S’exclama-t-elle toute joyeuse, elle venait de trouver un nouveau trésor à contempler et à aduler. Mais celui-ci risquait fort de connaître le même destin tragique que son prédécesseur, Ekaterina était le genre de folle à détruire tout ce qu’elle aimait, et plus elle aimait quelque chose, plus elle se montrait cruelle et horrible dans sa manière de l’anéantir. Quoi qu’il en soit, les yeux de la jeune fille pétillaient et fixaient le jeune homme qui était visiblement pris pour quelqu’un d’autre, pire même vu qu’il était pris pour un simple objet. Non loin d’eux, le chat errant s’engageait dans une petite ruelle pour y disparaître, celui-ci pouvait s’estimer heureux de pouvoir vivre un petit peu plus longtemps, par contre la vie d’une autre personne allait peut-être se voir raccourcir.

Ekaterina dirigea alors l’index de sa main droite vers le jeune médecin, et plus précisément vers l’abdomen de celui-ci. L’ongle pointue de celui-ci se planta alors dans la veste de celui-ci, appuyant son geste avec une certaine force, celui-ci ne tarda pas à atteindre la peau du jeune qui pouvait sentir une douleur assez dérangeante. Cependant s’il n’y avait pas eu la couche de vêtement, notre petite démente aurait enfoncé son doigt encore plus profondément au point de faire saigner sa nouvelle amphore. Mais ici son geste, aux yeux d’autrui, ne pouvait se limiter qu’à un petit jeu en vue de taquiner et de déranger la personne qui lui faisait face. Cependant la raison de son comportement n’avait pas à ses yeux une explication aussi simpliste et innocente, pour être honnête, elle n’en avait aucune. Cet acte inexpliqué de notre jeune fille n’avait ici pour but que la découverte, en effet en général le comportement dément d’Ekaterina se résumer à poser des actes et à en observer les conséquences. Elle ne réfléchissait jamais à l’avance à ce qu’elle faisait, pour le dire d’une autre manière, sa conscience était en quelque sorte la spectatrice des actions de son corps. Assez tordu n’est-ce pas ? En tout cas, notre jeune amie conservait un sourire angélique tout en continuant son expérimentation, elle était aux aguets des moindres réactions du jeune homme, des moindres changements sur les traits harmonieux de son visage.

Le jeune homme s’était finalement reculé de notre jeune demoiselle, l’index de celle-ci pointait désormais dans le vide mais toujours en direction de sa victime. Sur l’ongle de son doigt, on pouvait déceler une légère teinte écarlate qui semblait captiver notre camarade. Pendant un moment elle ne prêta pour ainsi dire plus du tout d’attention à cet homme, s’étant trouvée une soudaine fascination pour ce peu de sang qui tâchait le teint rosée de son ongle. Doucement elle ramena sa main vers elle, et engouffra dans sa bouche l’extrémité de son doigt qu’elle se mit à suçoter, le goût du sang ne lui était en rien étranger et il déclenchait en elle une certaine extase.

Se mit-elle à répéter et à crier avant de se mettre à rire et à tournoyer sur elle-même. A la voir ainsi, on semblait avoir en face de soi une enfant à qui on venait d’annoncer une journée entière dans le parc d’attraction de ses rêves. Sauf qu’ici, le contexte du moment ne laissait pas place à ce genre de débauche. Ekaterina s’arrêta finalement de tournoyer, manquant de peu de perdre l’équilibre et de se vautrer par terre, son regard se posa alors sur son amphore adorée qui visiblement ne partageait pas la même euphorie qu’elle.

Sur ses paroles, Ekaterina tendit son bras gauche et alla planter l’ongle de son index dans sa propre chair jusqu’à se faire saigner et faire perler une goutte de sang. Ce petit acte de mutilation ne sembla pas le moins du monde la dérangeait, pas la moindre grimace laissant traduire la probable douleur de son acte, seule une joie incompréhensible l’habitait et la rendait franchement inquiétante pour toute personne ayant compris, ne serait-ce qu’une infime partie, du genre de personne qu’elle était. Ce fut alors avec une certaine fierté qu’elle tendit son doigt ensanglanté en direction du jeune homme pour lui annoncer que :

Tout autour d’eux, les gens commençaient à les regarder avec une certaine appréhension. Les paroles de la jeune fille étaient incompréhensible, et il était difficile de savoir où elle voulait en venir. Quoi qu’il en soit, elle se mit à s’avancer vers son nouvel ami, tout en joignant ses mains dans son dos, elle fredonnait un petit air de jeu, sa démarche d’ailleurs était quelque peu sautillante. Et le fait que ce jeune gaillard porte sa main sur la garde de son épée ne freina en rien son élan, au contraire elle n’avait nullement remarqué que celui-ci était sur ses gardes et la considérait comme un probable ennemi. Elle, qui loin de là, le considérait plutôt comme un nouveau camarade de jeu, ou plutôt comme un nouveau jouet avec lequel elle pourrait passer de bons moments. Mais Ekaterina était une fille très polie dans ses phases de bonne humeur, dès lors avant de commencer ses jeux avec lui, il fallait qu’elle le lui demande, dès lors elle s’arrêta à un mètre de lui et tout en se balançant d’avant en arrière, elle lui posa sa question :

Jouer… Ce terme si innocent au départ, dans sa bouche semblait prendre un tout autre sens, et avait même une connotation dangereuse. Ekaterina cessa alors ses balancements, se tenant à nouveau droite, elle sortit ses mains de son dos et les dirigea vers son nouveau centre d’attention, voulant manifestement les apposer sur son doux visage, mais était-ce pour le caresser ou pour le griffer ? Honnêtement Ekaterina ne faisait pas de différence entre l’un ou l’autre, tant qu’elle pouvait jouer comme elle l’entendait c’était l’essentiel. Mais cela n’allait visiblement pas être possible…

Les paroles du jeune homme eurent pour effet de stopper nette Ekaterina dans son élan, sa folie n’étant visiblement pas assez grande pour ne pas comprendre ce qu’était un refus exprimé de manière aussi ferme. Ses bras étaient restés levés en direction de son doux visage, ses mains restant en suspens à une dizaine de centimètres de celui-ci. C’était visiblement un visage choqué qu’affichait notre jeune demoiselle, mais ce n’était pas tant la dureté des paroles qui lui avaient été adressées qui la mettait dans cet état. Non, ce qui l’avait surprise au point de la tétaniser était qu’il avait refusé de jouer avec elle. Ce refus était pour elle sur le coup synonyme de fin du monde, tout son petit univers venait en l’espace d’un instant de s’écrouler et son esprit venait de sombrer dans le néant et son regard s’était vidé de toutes étincelles.

Ses bras retombèrent alors le long de son corps, son tête toujours levée, elle fixait son amphore sans pour autant le voir. De simples mots avaient réussi à la perturber d’avantage qu’elle ne l’était, mais d’un autre point de vue, Ekaterina semblait à présent calmée. Mais ce n’était que le calme avant la tempête, son âme torturée cherchait en ce moment une prise pour se raccrocher au monde. Et soudain c’en fut trop pour la jeune demoiselle, et le choc qu’elle avait subi ne tarda pas à muter en peur. Elle se mit à reculer et fixait Kurogane d’un air complètement désemparé. Cet homme n’avait pas accepté de jouer avec elle, cela voulait dire qu’il n’était pas son ami, et s’il n’était pas son ami, était-il son ennemi ? Impossible, oui c’était inconcevable que dans son petit monde qu’elle ait le moindre ennemi, le moindre méchant. Tout le monde s’était toujours montré gentil avec elle et avait joué à ses jeux jusqu’au bout…

Mais ce fut un nouveau refus qui se fit entendre, des mots prononcés froidement qui furent de trop pour les oreilles de notre jeune fille. Celle-ci se mit alors à pleurer et à crier, sa voix portant très loin ses pleurs que les gens dans la rue ne pouvaient plus ignorer sa présence, elle pleurait à ne plus savoir s’arrêter, à ne plus savoir respirer. Et soudain elle se calma brusquement, le regard levé vers le ciel, elle restait immobile la bouche grande ouverte et les bras pendant le long de son corps. Le trajet de ses larmes marquait toujours ses petites joues, et quelques larmes continuaient leur descente le long de celle-ci. Ekaterina qui avait eu une respiration si saccadée il y avait quelques instants, ne semblait à présent plus respirer du tout. Et alors qu’elle restait immobilisée en plein milieu de la rue, des cristaux rouges de forme losangique se mirent à apparaître un par un tout autour d’elle. Lévitant dans les airs, leur nombre ne cessait de s’accroître au fur et à mesure que le temps s’écoulait, et ce ne fut que lorsqu’une quinzaine d’entre eux furent créés que notre jeune amie émergea de sa léthargie. Son visage refit face à celui du jeune homme, mais l’expression qui se lisait à présent sur celui-ci n’avait plus rien d’angélique.

Elle disait tout cela avec un ton très calme, mais son visage était à présent devenu celui d’un démon. Ses yeux rouges sang avaient à présent tout l’air de ceux de bêtes sauvages, et quand au sourire qu’elle affichait, celui-ci était sadique et incitait à la souffrance d’autrui. Kurogane aurait eu mieux fait de réfléchir à ses mots avant de répondre comme il l’avait fait à notre camarade, ce qui lui avait dit avait été suffisant pour la perturber et libérer son vraie elle, l’être démoniaque que son fruit du démon lui avait fait incarner. Jaillissant alors de son dos, ses ailes d’ébène aux feuilles de cristal se déployèrent, renforçant dès lors son image démoniaque.

Les cristaux tout autour d’elle commençaient à s’agiter dans les airs, ceux-ci avaient le volume d’une brique et leurs extrémités semblaient bien pointues. Une dizaine gravitaient en deux cercles concentriques de cinq cristaux, quand aux cinq derniers, ils se détachèrent du groupe et se dirigèrent vers Kurogane et se positionnèrent à la manière d’un pentagone tout autour de lui, lui coupant dès lors toute échappatoire. Si notre camarade venait à en briser un, celui-ci exploserait et libèrerait de puissantes flammes dans un rayon d’un mètre. Ekaterina aurait pu les faire tout simplement exploser tous les cinq en même temps, mais note démente voulait d’abord avant s’amuser avec son ami. Les cristaux pointèrent alors l’une de leurs extrémités pointues en direction du jeune homme, Ekaterina avait la ferme intention de les envoyer se planter dans la chair de celui-ci. Pourrait-il tous les éviter et ce perpétuellement ? Il y avait dix mètres de distance entre lui et Ekaterina, ce qui signifiait qu’il se trouvait encore dans son périmètre de contrôle, en d’autres mots cela signifiait que ses cinq cristaux n’allaient pas arrêter de le cibler tant qu’ils n’auraient pas atteint leur cible.

Ekaterina avait envoyé ses cinq cristaux sur Amphore, celui-ci arrivait à esquiver ses projectiles et à les dévier tout du moins avec son épée. Mais notre démente ne faisait que jouer avec lui, ses cristaux pouvant se déplacer encore beaucoup plus vite. Notre camarade n’attendait en fait que l’instant où cet homme viendrait à en briser l’un d’eux et ainsi se piéger lui-même. Ce fut alors se jeter littéralement sur sa proie, bon c’était certes de manière involontaire à en juger par ses cris et sa vaine gestuelle aérienne, mais Ekaterina ne le comprit pas de la sorte. Pour notre amie, on souhaitait là s’emparer son précieux jouet, l’un des cristaux qui s’amusait avec celui-ci changea brusquement de direction pour venir de planter dans le corps de ce gars et exploser immédiatement suite à un claquement de doigt de notre jeune fille. L’explosion qui s’en suivit souleva un nuage de poussière, et lorsque celui-ci se dissipa, il ne restait qu’une sphère de flamme de deux mètres de diamètre dans laquelle le pauvre sujet d’expérimentation était prisonnier. Celle-ci ne tarda pas à se dissiper à son tour, laissant retomber sur le sol le corps calciné de ce malheureux innocent.

« On ne touche pas à mes jouets !! »

L’explosion s’était faite entendre bien loin, et les oreilles d’Evangelina n’avait pas été sourde à celle-ci. La capitaine était entrain de faire charger les provisions sur leur bateau, elle savait que sans elle pour contrôler sa sœur, que celle-ci aurait fini par n’en faire qu’à sa guise. Elle était néanmoins contente de voir qu’elle avait tenu jusqu’à ce qu’elle termine ce qu’elle avait à faire. Dès lors sans attendre d’avantage, elle se mit en route vers l’endroit où l’explosion s’était faite entendre, c’était bien simple il lui suffisait d’aller à contre courant de ces gens qui fuyaient ce qu’ils appelaient pirates et monstres, au grand plaisir d’Evangelina.

Entre temps là-bas, un nouveau personnage en contraste total avec la première cible d’Ekaterina fit son apparition. Celui-ci était également armé, mais son arme était quelque peu plus intrigante que celle de l’homme aux cheveux blancs. L’homme à la faux venait de se placer juste entre eux deux, et leur demander s’il pouvait s’amuser avec eux. Mais du duo il n’y avait qu’une seule personne qui prenait plaisir à leur jeu, et Ekaterina n’allait pas refuser quelqu’un qui se proposait gentiment de devenir l’un de ses jouets. Elle envoya alors tous ses cristaux disposaient en deux cercles égaux autour de chacune de ses proies, cela faisait exactement sept cristaux chacun, ceux-ci ne laissaient aucune échappatoire sur les côtés, la seule issue était par en haut mais il allait leur falloir choisir le bon timing pour esquiver leur explosion.

« Boom !! »

Un nouveau claquement de doigt et de nouvelles explosions qui toutes ensemble furent plus dévastatrices que la précédente, et lorsque les sphères de feu disparurent, Ekaterina fut surprise de ne pas découvrir sur le sol calciné les corps de ces deux hommes. Où avaient-ils bien pu passer ? L’explosion les avaient-ils réduits à l’état de cendre ? Ce serait bien la première fois.