Nom: Greenwood
Prénom: Yuri
Âge: 19 ans
Race: Humain
Camp: Pirate

Physique:
Personnage sur l'avatar:

Kazami Yuuka de Touhou

La première chose à savoir sur Yuri, c’est qu’elle considère les plantes comme étant supérieures aux Hommes. Pour elle, ce sont les véritables maîtres de ce monde, sans qui aucune autre forme de vie ne pourrait subsister. A contrario, elle ressent le plus grand mépris envers les êtres humains, qui ont « l’audace » de se considérer comme la forme de vie la plus supérieure de ce monde, ce qu’elle réfute vivement. Elle estime également qu’ils ne savent pas juger à leurs justes valeurs les vertus que les plantes procurent, alors qu’ils ne valent rien de plus que des déchets comparés à elles. Il y a certes quelques personnes qu’elle considère comme digne d’exister, et d’autres dont elle tolère l’existence, mais ils ne sont pas légion. De ce fait, elle n’hésitera pas à s’attaquer aux humains, sans avoir besoin d’un quelconque motif, et sans ressentir la moindre once de remords.

Ensuite, il faut se rappeler que Yuri est une botaniste accomplie, et qu’elle possède donc de grandes connaissances sur les diverses plantes de ce monde, sur leurs propriétés ainsi que les possibilités de remèdes qu’elles offrent… ou de poison. Elle possède donc des connaissances médicales importantes, et pourra mettre au point de nombreux remèdes. Cependant, elle n’a que très peu de connaissances sur l’anatomie humaine, car cela ne l’intéresse pas. Dès lors, la seule chirurgie qu’elle pratique, c’est la boucherie. Pas sûr que vous appréciez… Elle possède également de bonnes connaissances géographiques, grâce à la connaissance de la composition de la flore de nombreuses îles.

En tant que botaniste, elle aime beaucoup pratiquer diverses expériences, dans le but de créer de nouvelles variétés de plantes ou encore de découvrir de nouveaux effets produits par la combinaison de divers spécimens. Lors de ses expériences, elle aime s’entourer d’humains, car ils savent se montrer très utiles… comme cobayes. Dès lors, même si sa cabine ressemble à première vue à un havre de paix coloré grâce aux nombreux végétaux qui en composent la décoration, il s’agit probablement d’une des pièces les plus dangereuses du navire des Scarlett Devils, même si certains (nous ne citerons pas Ekaterina) semblent l’oublier et viennent s’y perdre. À vos risques et périls !

En ce qui concerne le comportement de Yuri, elle se montre en général très stoïque, indifférente à ce qui se passe autour d’elle, même lorsqu’un danger menace. Bien sûr, il lui arrive de s’énerver, surtout lorsque l’on envahit son espace personnel. Par contre, lorsqu’elle se bat, elle se montre très cruelle et sadique, et prend un grand plaisir à voir et infliger de la souffrance aux autres. Il lui arrive même de rire d’un air malsain et méprisant.

Maintenant, attardons-nous un peu sur ce que Yuri aime. Aussi étonnant que cela puisse paraître, Yuri aime beaucoup… les plantes. Quelles que soient leurs couleurs, leurs odeurs, leurs tailles ou encore leurs apparences, elle les aime toutes ! Mais il faut avouer qu’elle a une légère préférence pour les tournesols. Yuri essaie de recueillir le plus possible de spécimens de plantes, afin de les cultiver soit pour pouvoir les utiliser dans ses expériences, ou tout simplement pour son simple plaisir. Un détail : Yuri refuse catégoriquement de se nourrir du moindre légume ! Proposez lui en, et vous le regretterez amèrement. Après tout, elle n’est pas cannibale…

Aussi, Yuri aime tout particulièrement les climats chauds et humides, dans lesquels elle s’épanouit vraiment. Elle apprécie également grandement les insectes pollinisateurs, avec lesquels elle a de bons contacts. Elle tient également beaucoup à pouvoir rester au calme lorsqu’elle le désire, surtout lorsqu’elle se trouve dans sa cabine. Quand un parasite vient s’incruster, elle aura tôt fait de le virer, non sans avoir tenté de l’empoisonner au passage.

Quant à ce qu’elle n’aime pas, les humains arrivent en tête de liste avec une marge d’avance assez conséquente. Elle ne leur trouve comme avantage que d’être de bons cobayes pour ces expériences, ou encore de permettre la fabrication d’un engrais acceptable, mais auquel elle répugne d’avoir recours. Elle déteste également voir des plantes être détruites sans raison apparente, et il lui arrivera de venger ces dernières de façon très cruelle. Enfin, répétons encore une fois qu’elle n’aime pas qu’on la dérange.

Pour finir, l’un des buts de Yuri est de retrouver une fleur rarissime, voire légendaire : l’orchidée de sang, une fleur qui permet de guérir tous les empoisonnements, ainsi qu’un très large éventail de maladie. Le second but qu’elle se fixe est de faire valoir la suprématie des plantes dans le monde.

Chapitre 1 : les origines du mal

Dans les étendues désertiques d’une île au nom inconnu, un jeune homme d’une vingtaine d’année avançait péniblement, luttant contre le sable dans lequel s’enfonçaient ses pieds. Cependant, ni le soleil qui lui tapait sur la tête, ni sa gorge desséchée ne semblait pouvoir le faire renoncer à mettre un pied devant l’autre. Ses yeux affichaient une détermination sans norme, le regard rivé au loin, comme s’il pouvait déjà fixer sa destination. C’est ainsi que quelques heures plus tard, il atteint enfin son but : une petite oasis perdue au beau milieu de ce désert de sable. L’expression du jeune homme vira au ravissement total, et il se mit à fouiller frénétiquement dans son sac, dont il ressortit une petite trousse contenant toute une série d’instruments et de fioles, destinés à recueillir divers prélèvements, sans même daigner prendre le temps de jeter un œil aux eaux turquoise qui s’étendaient dans son dos, et ce malgré la soif qui le tenaillait. Ce ne fut que lorsqu’un bref cri strident retentit que son attention fut attirée par cette étendue humide. C’est alors qu’il aperçut… une demi-tête, qui émergeait de l’eau. Et sans conteste, la plus charmante demi-tête qu’il avait eu l’occasion de croiser ! La tête émergea davantage, jusqu’à laisser apparaître une bouche, qui laissa échapper timidement :

- Excusez-moi, mais euh… mes vêtements… Vous voyez…

Le regard du jeune homme se posa alors sur un petit tas de vêtements posé en tas à quelques mètres de la rive, et qui de toute évidence appartenait à la jeune fille plongée dans l’eau. Rougissant, il tourna le dos à l’étendue d’eau, essayant de ne pas prêter attention aux divers bruits d’éclaboussures qui indiquaient que la jeune fille venait de sortir de l’eau et qu’elle était en train de se rhabiller. Une légère toux permit au jeune homme de comprendre que celle-ci avait fini de s’affairer. Il se retourna, et ce qu’il vit alors confirma son idée première : il se trouvait face à la plus jolie fille qu’il n’avait jamais vu. Pour la première fois de sa vie, il se sentait attiré par un autre être humain. Ses pensées furent interrompues par une douce voix :

- Je suis désolée, je ne pensais pas rencontrer une autre personne… dans ce coin.

Il était tellement captivé par la beauté de la jeune femme qu’il en avait presque oublié la raison de sa présence en ces lieux. Mais aussitôt s’en souvint-il que l’enthousiasme le gagna à nouveau :

- Je suis ici pour trouver une fleur, la Drochaena desertis ! On m’a dit qu’on pouvait la trouver dans cette oasis !

La jeune fille sortit de son sac un bocal dans lequel se trouvait une petite fleur vert émeraude. Le jeune homme fut subjugué à la vue de celle-ci. C’était la fleur qu’il cherchait ! Et c’était la plus belle créature qui la tenait entre ses mains. Une vision de la perfection. Avec un sourire, la jeune fille lui dit :

- Moi aussi, je suis venue pour trouver cette fleur. Je m’appelle Elena, botaniste, ravie de vous rencontrer.

- Alan. Botaniste également, et tout aussi enchanté de vous rencontrer.

Ainsi, les parents de Yuri venaient de se rencontrer.


Chapitre 2 : une âme qui s’envole

Quelques années plus tard, les deux jeunes gens arrivèrent au village natal d’Alan. Quel ne fut pas l’étonnement des habitants lorsqu’ils virent ce jeune homme revenir en charmante compagnie, lui qui jusqu’à présent n’avait manifesté aucun intérêt pour autre chose que les plantes. Mais la surprise fut encore plus grande lorsqu’ils découvrirent que la jeune femme arborait des rondeurs qui ne laissaient aucun doute quant à la nature des relations qu’elle entretenait avec le jeune homme. Ensemble, ils rejoignirent la maison d’Alan, dans laquelle ils installèrent leur nid familial en même temps que leur laboratoire de recherche. Car les deux jeunes gens avaient un but commun : créer la plante parfaite, capable de s’adapter à tous les climats, et à toutes les conditions. C’est donc dans ce décor que la petite Yuri vit le jour. Elle passa cinq années en compagnie de ses parents, cinq années durant lesquels la petite fille grandit entourée de plantes en tout genre et dans les discussions centrées sur celles-ci. Mais malheureusement, les expériences que ses parents faisaient n’étaient pas toutes sans danger. C’est ainsi qu’un jour, l’une d’entre-elles tourna mal, et Elena se retrouva gravement empoisonnée. Les médecins ne parvinrent pas à trouver de remède, et elle s’éteignit dans une terrible agonie.

La mort de sa femme eut un effet dévastateur sur Alan. Son intérêt pour les plantes se mua en une véritable obsession, à tel point qu’il en négligea ses devoirs de père. Yuri n’était plus sa fille, mais son assistante. Ainsi, il lui apprit tout son savoir, et Yuri acquit très jeune des grandes connaissances sur le monde végétal. Mais il ne se limita pas à cela ! Il lui transmit également sa vision du monde, qui avait considérablement changé depuis qu’Elena s’en était allée. Pour lui, les plantes étaient supérieures aux hommes : elles étaient capables de s’adapter aux divers climats de ce monde, de s’étendre sans aucun secours, de trouver d’elles-mêmes les ressources nécessaires à leur survie. Et lorsque les hommes laissaient un endroit à l’abandon, les végétaux avaient tôt fait d’en reprendre possession. Il estimait donc que les plantes avaient davantage leur place ici-bas que les humains. Et il ne fallut que quelques années à Yuri pour partager cette opinion. Cependant, elle ne se montrait pas aussi réfractaire à côtoyer ses pairs, et ce fut donc elle qui fut chargée d’effectuer les diverses tâches qui nécessitaient de se rapprocher des hommes.


Chapitre 3 : le fruit shoku-shoku

Les années passèrent, et bientôt, Yuri finit par atteindre l’âge de dix-neuf ans. Elle se révélait désormais une botaniste presque aussi érudite que son père, et son amour pour les plantes était tout aussi important, si ce n’est davantage. C’est à cette période qu’un évènement vint perturber le quotidien du père et de sa fille. Au détour d’une expédition menée dans les montagnes de l’île, Alan découvrit une plante comme il n’en avait jamais vu. Celle-ci comportait un unique fruit, d’aspect assez étrange, dont émanait une étrange énergie. Tout à son intérêt scientifique, il n’hésita pas à cueillir le fruit. Et c’est ainsi que les ennuis commencèrent. De retour à son laboratoire, Alan commença, avec l’aide de Yuri, à étudier le fruit. Il lui fallut plusieurs mois pour découvrir qu’il s’agissait d’un fruit du démon, et plus précisément du fruit shoku-shoku, le fruit des plantes. Son engouement n’en fut que renforcer : il décida d’essayer de reproduire les propriétés de ce fruit. Cependant, Alan n’était pas le seul intéressé par ce dernier. La marine apprit l’existence d’un fruit sur une petite île de North Blue, et un navire fut chargé d’aller le récupérer. Voilà comment la vie de Yuri bascula.


Chapitre 4 : le point de non-retour

Le jour se levait, laissant percer quelques rayons du soleil à travers la brume matinale. Mais déjà, une ombre se mouvait à l’extérieur d’une petite bâtisse délabrée qui avait autrefois été une agréable petite maison en bordure du village. Une jeune fille à l’éclatante chevelure blonde s’affairait à soigner les plantes présentes dans une petite serre. Ce n’était autre que Yuri, qui malgré l’obscurité résiduelle travaillait déjà d’arrache-pied. Un grincement dans son dos lui indiqua que son père venait de la rejoindre, probablement pour s’enquérir de l’avancement de ses tâches.

- Où en es-tu ? Je te rappelle que tu dois encore aller observer le développement du croisement de la semaine dernière. Avec de la chance, on aura réussi à obtenir de jeunes pousses.

- J’allais justement finir ici papa, je comptais m’y rendre tout de suite après.

- Très bien, mais ne traîne pas. Il faudrait également que tu ailles en ville. On commence à manquer de nourriture.

- Oui papa.

Sur ce, Yuri se redressa et quitta la serre, et se mit à marcher le long d’un petit sentir qui menait au pied de la montagne. Il y a de cela deux semaines, son père et elle avait tenté de créer une fleur capable de pousser à même la roche, et il fallait désormais relever l’avancement de l’expérience. Cependant, cela nécessitait de passer à travers le village, ce qui lui plaisait guère. Ces abrutis d’humains ne cessaient de lui demander si sa vie n’était pas trop dure, et si elle ne préférerait pas quitter son père pour venir s’installer en ville. Comme si elle voulait vivre parmi un troupeau de créatures inférieures, qui ne savait voir dans les plantes qu’un moyen de se sustenter. Mais cela étant une étape indispensable, elle décida de faire fi de son ressentiment et traversa les portes de la ville. À sa grande surprise, la ville était déjà en ébullition, malgré l’heure matinale. Les habitants, encore vêtus de leurs habits de nuit pour la plupart, sortaient de leur maison pour converser énergiquement d’un sujet qui semblait leur tenir particulièrement à cœur. De quoi ces tas de viandes pouvaient donc bien parler avec autant d’intérêt ? Elle ne manqua pas de remarquer que les villageois cessaient leurs conversations lorsqu’elle passait devant eux, et qu’ils lui adressaient un sourire réconfortant lorsqu’elle posait son regard sur eux. Ce qui l’agaçait prodigieusement. Elle se hâta donc de se diriger vers l’autre sortie de la ville, dans l’espoir d’enfin échapper à cet excès de présence humaine. Mais, alors qu’elle allait enfin quitter les lieux, un jeune aux traits fatigués, comme s’il n’avait pas dormi de la nuit déboula à toute vitesse en hurlant un plein poumon :

- Ca y est ! Ils sont arrivés ! Je les ai vu qui se dirigeait vers…

Il sembla remarquer la présence de Yuri et s’étrangla. Après une quinte de toux, il sourit d’un air faussement enjoué à celle-ci, et s’empressa de quitter la proximité de la jeune fille. Bien malgré elle, les propos du jeune homme l’interpellaient. Non pas qu’elle s’intéressait aux affaires des villageois. Elle décida d’ignorer ce qu’elle venait de voir, et sortit du village. Devant elle, la nature reprenait ses droits et offrait une vaste étendue d’arbres et d’arbustes jusqu’au pied de la montagne. Pas de traces d’humains devant elles ! C’est donc en sifflotant d’un air joyeux que Yuri arpenta le petit chemin de terre qui la mènerait à destination. Elle aimait beaucoup se balader dans ce coin de l’île, où personne à part elle et son père ne venait mettre les pieds. La nature offrait tellement plus de beauté lorsque les humains ne venaient pas y fourrer leur nez ! Enfin, elle atteignit sa destination, et entreprit de relever les évolutions de l’expérience menée. Cependant, les résultats n’étaient pas particulièrement prometteurs. Aucune pousse à relever pour les graines plantées dans la roche, ni dans la terre rocailleuse. Seule la zone terreuse avait obtenu un résultat, et Yuri entreprit donc d’analyser en détail la pousse et de noter toutes ses caractéristiques. Après une heure d’observation et d’interprétations, elle entama le chemin du retour. Elle décida de faire un détour pour éviter d’avoir à retraverser le village. C’est ainsi qu’au détour d’un virage, elle aperçut amarré dans une crique un grand bateau, dont la voile arborait une mouette : un bateau de la marine. De toute évidence, c’était cela qui agitait les villageois, bien qu’elle ignorait la raison de leur engouement. Curieusement, un sentiment de malaise la gagnait au fur et à mesure qu’elle se rapprochait de sa maison. Elle était loin de deviner ce qu’elle allait y retrouver !

En effet, alors qu’elle n’était plus qu’à quelques mètres, des éclats de voix lui parvinrent. Curieux, car les villageois ne s’approchaient plus de la maison depuis des années ! Elle accéléra le pas, et la scène qu’elle découvrit la cloua sur place. Des soldats de la marine sortait de la maison, traînant derrière eux son père, menotté, et qui avait visiblement été molesté par ces importuns. Alors qu’elle se précipitait vers son père, deux hommes la ceinturèrent pour lui bloquer le passage. Elle se débattit pour se libérer, mais elle n’avait pas la force physique des soldats de la marine.

- Lâchez-moi, sales ver de terre ! Comment osez-vous emmenez me retenir ainsi ! De quel droit !

Un homme, interpellé par les vociférations de la jeune fille, se rapprocha.

- Allons, qu’avons-nous là ?

- Une folle furieuse, sergent-chef, elle essayait de se rapprocher, alors nous l’avons stoppée. Mais elle ne se laisse pas faire.

Aussitôt, Yuri se calma. Ce déchet venait de la traiter de folle ? Ce n’était pourtant pas elle qui débarquait ainsi chez les autres sans prévenir ! Elle frotta ses vêtements, l’air dégoûtée, puis demanda très calmement :

- Pourquoi emmenez-vous mon père ? Il n’a rien fait de mal à ce que je sache !

- C’est là que vous vous trompez, jeune fille. Votre père est soupçonné de posséder un objet très dangereux, qu’il a refusé de nous céder. De ce fait, pour des raisons de sécurité, nous allons le placer en détention jusqu’à ce qu’il coopère. Maintenant, dégagez le passage !

Le ton ne souffrait aucune réplique, cependant, Yuri n’était pas décidée à laisser un misérable humain lui donner des ordres ! Elle s’apprêtait à se lancer dans une joute verbale, lorsque son père lui cria :

- Yuri ! Fais ce qu’il dit ! Tu dois protéger la maison et mes expériences ! TOUTES mes expériences !

En disant cela, il faisait allusion au fruit du démon, et Yuri compris que c’était là l’objet « dangereux » dont le marine venait de parler. Elle n’était cependant pas davantage disposée à obéir aux ordres précédents. Mais un coup porté à la tête derrière elle lui fit perdre connaissance, et elle ne put donc plus opposer de résistance.

Quelques heures plus tard, Yuri se réveilla dans la maison, avec l’impression d’avoir le crâne fendu en deux. Le soleil commençait déjà à se coucher, Mais elle n’avait pas le loisir de s’attarder sur sa douleur. Elle se rua à l’intérieur de la maison, qui avait été consciencieusement retournée, et ouvrit une petite cache dans un mur du laboratoire. Le fruit du démon y était toujours, ce qui signifiait que la marine n’avait pu trouver cette cache. Avec une satisfaction féroce, elle le saisit, et sans la moindre hésitation, le dévora. Il ne fallut pas longtemps pour qu’elle ressente les désagréables effets. Lorsque ceux-ci finirent par s’estomper, Yuri commença à inspecter son corps, sans y trouver de modifications aux premiers abords. Avait-elle vraiment acquis un quelconque pouvoir ? Elle ne s’accorda cependant pas davantage de temps, et sortit en toute hâte hors de sa maison. Mais une fois à l’extérieur, elle se retrouva face à un groupe de villageois, qui semblaient l’attendre de pied ferme. L’un d’eux prit la parole :

- Yuri, on se doutait bien que tu tenterais quelque chose pour aider ton père… Mais ne le fais pas ! C’est trop dangereux !

- Alors je devrais simplement abandonner mon père, juste parce que c’est dangereux ?

- Voyons Yuri, réfléchis ! Tu n’as plus besoin de faire ce qu’il te demande ! Tu es enfin libérée de ce fou obsédé par les plantes !

- Libérée… Alors d’après vous, je restais auprès de lui contre mon gré ? Les plantes ne méritent pas autant d’intérêt ?

- Bien sûr ! Après tout, ce ne sont que de simples légumes ! Mais maintenant, tu es… Yuri ! Qu’est-ce qui est arrivé à tes cheveux ?

Yuri ignorait de quoi il pouvait bien parler. Quelque chose était arrivée à ses cheveux ? Cela avait-il un rapport avec le fruit du démon ? Elle attrapa l’un d’entre eux, et l’arracha de sa tête. En l’inspectant, elle eut la surprise de constater qu’il n’arborait pas l’éclatante blondeur habituelle, mais un délicat vert foncé. Et une douce odeur de sève semblait en émaner. Elle était tellement absorbée dans la contemplation de cet unique cheveu qu’elle entendit à peine les murmures paniqués de l’assemblée. Elle sentit par contre très bien les deux mains qui la saisirent aux épaules :

- Yuri ! Ne me dis pas que… tu as mangé le fruit du démon ! On a appelé la marine exprès pour cela ! Mais à quoi pouvais-tu bien penser !

La sensation des mains de cet humain posées sur elle fit naître un sentiment de colère difficile à contenir. Serrant les dents, elle s’écria :

- Ne… me… touchez… PAS !

Elle fit un mouvement de son bras pour le repousser, mais ce n’est pas un bras qui entra en contact avec le corps de l’homme, mais une grosse liane verdâtre, qui propulsa le malheureux plusieurs mètres en arrière. Yuri regarda son bras, et un large sourire sadique fendit son visage.

- Alors, c’est ainsi que ça marche ? Parfait…

Elle donna un nouveau coup en direction du groupe, qui était resté figé, et balaya les trois malheureux qui ne parvinrent pas à esquiver le coup. Yuri éclata d’un grand rire dément et continua à frapper en direction des villageois, qui essayaient désormais de prendre la fuite.

- Alors comme ça, c’est à cause de vous que mon père a été arrêté ? Bande de misérables vermisseaux, de quel droit osez-vous vous faire les juges de ce monde ? Vous n’êtes bon qu’à servir d’engrais aux véritables maîtres de ce monde ! Et encore, je ne ferais pas l’affront d’utiliser d’aussi piètres matières premières ! Alors, courrez vite vous réfugier dans vos petits amas de briques, avant que je ne vous fasse ressentir le véritable pouvoir des plantes !

Elle n’avait pas besoin de préciser cela, car il ne restait plus personne dans les environs, tous avait déguerpis aussi vite que leurs jambes leur avaient permis d’aller. Yuri se tourna alors vers le chemin qui la mènerait à la crique où mouillait le navire de la marine, affichant toujours son sourire sadique. Il était temps pour ces braves soldats de rencontrer leur destin.



Chapitre 5 : confrontation et alliance

Lorsque Yuri atteignit le navire, le ciel s’était déjà bien obscurcit, mais il subsistait suffisamment de luminosité pour lui permettre de repérer le nombre de garde posté à l’extérieur du bateau. Ceux-ci n’étant pas trop nombreux, elle s’avança sans crainte vers celui-ci. Rapidement, les gardes vinrent s’interposer.

- Halte ! Qui va là ?

- Attend, ce n’est qu’une fille, et elle a pas l’air bien dangereuse.

- Voilà où vous faites erreur…

Elle envoya voltiger tout ce beau petit monde, et monta rapidement à bord du bateau, profitant de ce que les autres en descendaient pour voir ce qui se produisaient ce tumulte. Elle s’avança au pas de course dans la cale, assommant au passage l’un ou l’autre marine resté en retrait. Mais il lui fallut un bon quart d’heure avant de réussir à atteindre le couloir contenant les cellules, encastrant le geôlier dans le mur pour faire bonne mesure. C’est alors qu’une voix s’éleva :

- Eh bien, pour une surprise, que fait une jeune fille dans un endroit aussi « accueillant » ?

Yuri se tourna vers une cellule où une fille aux cheveux argent d’à peu près son âge était retenue. Celle-ci portait une paire de menottes de granit marin, et semblait s’ennuyer ferme dans cette petite pièce.

- Rien qui ait avoir avec toi, crois-moi. Sur ce…

Alors que Yuri s’éloignait, la fille l’interpella de nouveau :

- Attends ! Tu cherches quelque chose n’est-ce pas ? Je peux t’aider, si tu veux…

- Vraiment ? Et en quoi pourrais-tu m’aider ?

- Je connais ce bateau comme ma poche, j’y ai travaillé avant que… mon comportement ne déplaise à certains. Si tu me libères, je te guiderai là où tu veux aller.

- Et qu’est ce qui me garantit que tu ne vas pas détaler une fois libre ?

- Tu ne me fais pas confiance ?

- Non.

- Eh bien… Allez quoi, c’est promis je t’aiderai !

Yuri s’accorda quelques secondes de réflexion, car elle ne disposait davantage de temps. Elle ignorait où se trouvait son père, et plus elle passait de temps sur ce rafiot, plus elle risquait de se faire avoir également. Un guide pourrait s’avérer utile… Elle décida donc d’aller fouiller la carcasse du geôlier afin de récupérer les clefs de la cellule et des menottes. Lorsqu’elle mit la main sur le trousseau, elle revint vers la cellule, dont elle ouvrit la porte. La jeune fille sortit d’un pas conquérant, et tendit ses mains menottées devant elle :

- Les menottes maintenant, s’il te plaît.

- Non, pas tout de suite.

- Comment ?

- Je dis que je ne te retirerai pas les menottes avant que tu ne m’aies aidé. Ainsi, je suis sure que tu ne fileras pas en douce.

- Pff, c’est pas drôle, je suis vulnérable avec ces menottes tu sais ? Je saurais pas me battre !

- Pas grave, je me battrai pour deux.

Yuri lui expliqua alors qu’elle cherchait son père, qui avait été emmené sur le navire, en lui donnant quelques détails sur son apparence. Heureusement, celle-ci savait qu’il avait été emmené dans une pièce pour être interrogé, et savait comment s’y rendre discrètement. C’est ainsi qu’elles atteignirent la dite pièce, où elles découvrirent Alan allongé au sol, le teint verdâtre, au pied d’un homme que Yuri reconnut aussitôt.

- Allons, qu’avons-nous là ?

Il s’agissait de l’homme qui lui avait intimé l’ordre de « dégager le passage ». La jeune fille à ses côtés se raidit, et murmura à l’oreille de Yuri :

- Fais gaffe, il est plus costaud que les autres celui-là, c’est un officier.

- Eh bien, c’est toi Misao ? Je vois que cette jeune fille t’as libéré, quelle noblesse d’âme ! Par contre, je suis surpris que tu n’en aies pas profité pour t’échapper. Je ne pensais pas que tu avais suffisamment de cœur pour accompagner cette jeune fille jusqu’ici.

- Qu’avez-vous fait à mon père ?

- Oh, trois fois rien, un petit poison de rien du tout, histoire de l’encourager à nous révéler l’emplacement du fruit du démon, s’il voulait l’antidote… Mais il se montre incroyablement têtu…

Yuri prit la clé des menottes et la lança à la nommée Misao, en lui déclarant :

- Ta part du marché a été accomplie, maintenant, barre toi, tu vas me gêner.

Sur ce, elle se focalisa sur son adversaire, en lui révélant :

- C’est bien dommage, mais vous êtes venus pour rien, le fruit n’existe plus. Ou plutôt, quelqu’un s’en est déjà emparé… Moi !

Le regard du marine se fit perçant, comme s’il jaugeait Yuri. Elle pouvait voir qu’il était furieux, mais il essayait de ne pas le laisser transparaître. Enfin, il répondit :

- Je vois. Alors, tu représentes une menace désormais. Qui plus est, tu as attaqué un navire de la marine, dès lors, tu es considérée comme une pirate. Et je ne fais pas de quartier aux pirates.

Le marine bondit alors sur elle, dégainant un sabre au tranchant aiguisé. Yuri n’avait pas le temps d’esquiver, ni même le temps de contre-attaquer. Tout ce qu’elle pouvait faire était d’attendre le coup fatal. Mais tout ce qu’elle ressentit, ce fut le choc de l’attaque, accompagné d’un étrange bruit métallique. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle constata que son corps était recouvert d’une épaisse écorce, qui semblait suffisamment résistante que pour contrer un coup d’épée. Mais son attention fut rapidement détournée par le cri de l’homme qui venait de l’attaquer. Celui-ci était en train de brûler vif. Et à ses côtés se tenait… Misao, les poings en feu également. Sauf qu’elle ne semblait ressentir aucune douleur. Au contraire, elle poussa un long soupir de soulagement et s’exclama :

- Houlà, qu’est-ce que ça fait du bien ! Depuis le temps que je voulais lui en coller une à celui-là !

La jeune fille se retourna vers Yuri, et lui dit :

- T’es pas bien toi, j’ai cru que tu t’étais faites trancher ! Mais c’était plutôt bien trouver. Au fait, je m’appelle Misao Nomoko, et toi ?

Yuri hésita quelques instants, puis répondit :

- Bon, le moins que je puisse faire, c’est de te répondre. Je m’appelle Yuri Greenwood. Merci de m’avoir aidé, je pensais que tu te serais enfuie. Je suis profondément impressionnée…

Elle ponctua sa remarque d’un petit ricanement, puis se dirigea vers son père qui était en train de se relever non sans difficultés. Elle l’emmena à l’abri de la forêt, loin du bateau qu’elle venait de quitter alors que Misao était partie de son côté. Il lui alors confia que le poison qu’il avait absorbé n’avait pas de remède connu, mais qu’après la mort de sa mère, il avait mis au point un contrepoison capable de stopper la progression de tous les poisons.

- Le seul antidote qui pourrait exister, ce serait une tisane à base d’orchidée de sang. C’est une fleur dont l’existence est controversée, mais moi, je suis sûr qu’elle existe. On raconte qu’elle constitue le remède idéal pour toutes les formes d’empoisonnement, ainsi qu’à la plupart des maladies. Mais sa rareté est également légendaire.

- Alors, je partirai à sa recherche, et je la trouverai !

- Très bien, je t’attendrai ici alors. Mais ne reviens pas avant, car je ne te pardonne pas d’avoir pris le fruit du démon. Ce sera ton moyen de te racheter.

- Je n’en avais pas l’intention, rassure toi. Et sache que si je veux la retrouver, c’est davantage pour sa valeur scientifique que pour sauver un ingrat tel que toi. Sur ce…

Yuri tourna alors le dos à son père, et quitta la forêt, dans le but de trouver une embarcation afin de quitter l’île où désormais, chacun la reconnaissait comme un monstre sans cœur. Elle finit par atteindre le port, où un petit navire miteux n’attendait plus que l’on monte à son bord. Cependant, une surprise attendait Yuri à l’intérieur : Misao. Celle-ci, allongé sur le pont, s’exclama :

- Enfin ! T’en as mis du temps ! J’ai bien cru que j’allais devoir lever l’ancre sans toi.

- Pourquoi tu m’attendais d’abord ? Qui t’as dit que je voulais partir avec toi ?

- Eh bien, c’est toujours plus marrant de voyager à deux que tout seul non ? Et puis, tu sais manœuvrer un bateau peut être ?

Yuri devait reconnaître qu’elle ne le pouvait pas, et que Misao pourrait sans doute l’aider. Elle répondit :

- Fais comme tu veux. Après tout, on est deux fugitives non ? Bon, mieux vaut filer maintenant, histoire de pas retourner pourrir à fond de cale.

Ainsi, les deux jeunes filles mirent les voiles vers des aventures passionnantes et pleines de surprises… Du moins, pour ceux qui les croiseraient !